Nubiens d'Égypte

Nubiens d’Égypte : diaspora et culture

Les Nubiens forment l'une des plus anciennes communautés encore vivantes en Afrique. Leur culture persiste grâce à la diaspora, dans les mariages, la musique et les plaisirs culinaires.

Chaque mercredi, dans le podcast Lost Cultures: Living Legacies, la présentatrice Alisha Prakash, directrice éditoriale adjointe chez Travel + Leisure, explore des identités culturelles uniques à travers le monde et explique comment les découvrir lors de vos voyages. Cet épisode se penche sur un pan moins connu de l’histoire égyptienne : les Nubiens, dont la culture ancienne et contemporaine mérite d’être mieux comprise. L’article rassemble témoignages et analyses d’expertes pour montrer comment une communauté millénaire a survécu aux déplacements, à la colonisation et à la modernisation. On y trouve aussi des éléments sur la manière dont la diaspora entretient et dynamise aujourd’hui ce patrimoine vivant.

Les Nubiens : histoire, territoire et résilience culturelle

Les Nubiens constituent un groupe linguistique et ethnique établi depuis des millénaires en Afrique du Nord‑Est, explique l’anthropologue Yasmin Moll, qui réalise le documentaire Finding Nubia. Ils possèdent une civilisation complexe et ancienne comparable à celle de l’Égypte pharaonique, bien que cette dernière soit beaucoup plus connue. Les Nubiens ont même régné sur l’Égypte pharaonique durant la 25e dynastie, et ils ont connu des périodes de grande prospérité au Moyen Âge. Moll insiste sur l’importance de reconnaître tant le passé prestigieux que la continuité culturelle contemporaine des Nubiens.

Le territoire ancestral des Nubiens se situe dans ce qui est aujourd’hui le sud de l’Égypte et le nord du Soudan, précise Mona Sherif‑Nelson, fondatrice de la Nubian Foundation. Il n’est donc pas surprenant que la plupart des Nubiens actuels soient citoyens d’Égypte ou du Soudan. Cette région transfrontalière a façonné une identité qui dépasse les frontières modernes, avec des variations locales mais une mémoire et des pratiques culturelles partagées. La situation géographique explique aussi pourquoi la communauté a été affectée par des projets d’infrastructure à grande échelle et par des événements politiques régionaux.

Pour Menna Agha, une Fadijja nubienne de troisième génération, les Nubiens sont « l’une des plus anciennes communautés encore vivantes sur cette Terre » et constituent une « appartenance noire » singulière. Elle souligne que cette communauté se trouve entre deux États souvent catalogués comme Moyen‑Orient/Nord‑Afrique, ce qui complexifie encore la perception extérieure de son identité. Le fait d’être une communauté noire et transfrontalière a des conséquences sur la manière dont les Nubiens sont reconnus et représentés, tant au niveau national qu’international. Agha met en avant l’importance de maintenir et d’affirmer cette identité à travers les générations.

La construction du haut‑barrage d’Assouan dans les années 1960 a entraîné l’inondation des terres nubiennes et le déplacement massif de la population, un traumatisme mémoriel et matériel qui a marqué la communauté. Malgré ces pertes territoriales et d’autres défis, allant de la colonisation britannique à la modernisation, les Nubiens ont survécu et continuent de transmettre leurs pratiques culturelles. « Notre terre est perdue, mais je ne pense pas que notre culture le soit », déclare Menna Agha, résumant la détermination à préserver les traditions. Les déplacements n’ont pas effacé la langue, les chants, les rites nuptiaux ni la gastronomie qui caractérisent la culture nubienne.

La diaspora nubienne joue un rôle central dans la préservation culturelle : les coutumes matrimoniales, la musique traditionnelle et la cuisine font office de vecteurs de mémoire et de lien social. À l’ère numérique, les réseaux sociaux deviennent des outils essentiels pour collecter des récits, partager des chansons et documenter des danses, permettant aux Nubiens dispersés de maintenir une conscience communautaire. « Aujourd’hui, je dirais que les Nubiens et leurs descendants sont vraiment unis par une perte partagée », observe Yasmin Moll, qui ajoute que Nubia « vit encore en nous, guwanna » — dans les chansons, les danses et les histoires — et désormais sur les plateformes numériques. Cette visibilité contemporaine contribue à contester l’idée que la culture nubienne n’appartient qu’à un passé ancien et à la réaffirmer comme patrimoine vivant.

Pour approfondir le sujet, écoutez la conversation d’Alisha Prakash avec Yasmin Moll, Menna Agha et Mona Sherif‑Nelson dans l’épisode de Lost Cultures: Living Legacies. L’émission est disponible sur plusieurs plateformes de podcast, notamment :

  • Apple Podcasts
  • Spotify
  • Amazon Music
  • et partout où les podcasts sont disponibles

Télécharger la transcription

Note de la rédaction : veuillez garder à l’esprit que cette transcription n’a pas nécessairement suivi notre processus éditorial habituel et peut contenir des inexactitudes ou des erreurs grammaticales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *