Les Pictes d’Écosse : identité retrouvée
Il est tout à fait possible que vous n’ayez jamais entendu parler des Pictes — et cela se comprend. Ce peuple, autrefois très présent en Écosse, a été effacé des cartes, presque disparu dans les sables du temps. Tout cela a changé avec l’arrivée de chercheurs comme le Dr Gordon Noble, professeur d’archéologie à l’université d’Aberdeen en Écosse, qui ont commencé à reconstituer leur histoire.
« J’ai grandi dans le nord-est de l’Écosse moi-même, mais je n’ai jamais entendu parler des Pictes à l’école. Personne ne nous a enseigné l’histoire aussi loin en arrière », confie Noble. « Ce n’est qu’à l’université, quand j’ai étudié l’histoire de l’art… que j’ai suivi un cours sur l’art et la sculpture du haut Moyen Âge et le travail du métal, et nous avons appris à connaître les pierres gravées. Dès que je les ai vues, j’ai été absolument passionné. »
Après ce cours, Noble a consacré ses études à en apprendre le plus possible sur ces pierres symboliques et sur les personnes qui les ont créées — les Pictes. Leur réputation ne se limite toutefois pas à leur artisanat sur pierre : leur histoire sociale, politique et guerrière est complexe et captivante. Comprendre ces communautés requiert d’examiner à la fois leurs artefacts et les nouveaux sites archéologiques mis au jour.
Comme l’explique Noble, « ce n’est qu’un surnom. Essentiellement, cela signifie “le peuple peint”. » Le terme vient d’une désignation romaine, un sobriquet un peu péjoratif suggérant que ces populations se peignaient ou se tatouaient, et que, par conséquent, elles étaient considérées comme « barbares » et non-romaines. Cette image romaine a longtemps contribué à une vision simplifiée et stéréotypée des Pictes.
Les Pictes se sont aussi fait connaître pour leurs tactiques de guerre impitoyables, défendant farouchement leurs terres. Au Ve siècle, selon des historiens comme Tim Clarkson, ils avaient bâti un royaume prospère et influent. Pourtant, au Xe siècle, à la suite de conflits, de colonisations et de la fusion avec les Scots, l’identité pictique semble s’être évaporée dans l’histoire écrite.
Clarkson note qu’« étrangement, les habitants de ce royaume commencent à se nommer Scots alors qu’un grand nombre d’entre eux ont une ascendance pictique », ce qui pose une énigme historique. Il ajoute que leurs rois ont probablement estimé nécessaire d’instaurer un nouvel ordre politique ; dans ce contexte, l’ancienne identité pictique est devenue redondante et a été remplacée par l’idée d’une nation unifiée pictico-écossaise qui a fini par devenir l’Écosse. Pour Clarkson, cela marque réellement la fin de l’histoire pictique telle qu’elle est consignée par les sources écrites.
La fin officielle des Pictes ? Peut-être. La fin de leur héritage et de l’intérêt qu’ils suscitent ? Certainement pas. La découverte relativement récente de magnifiques pierres symboliques, ornées de gravures complexes, a relancé la curiosité des historiens, des archéologues et du grand public, attisant la volonté de résoudre les mystères de leur culture et de leur langage symbolique.
« Depuis le XIXe siècle, et même avant, on tente de comprendre ce que signifiait ce système symbolique et de percer le code qui s’y cache », explique Noble. Il souligne qu’il y a eu des progrès notables au cours de la dernière décennie, grâce à la multiplication des sites découverts et étudiés. Parmi eux figurent des implantations comme Rhynie, Burghead et divers sites dans l’Aberdeenshire, où des fouilles dirigées par des équipes académiques apportent désormais des informations cruciales sur le mode de vie et les traditions des Pictes.
Noble précise que l’augmentation des données issues de fouilles permet enfin de mieux comprendre la société pictique, son organisation et ses pratiques culturelles. Ces nouvelles preuves archéologiques complètent l’étude des pierres gravées et aident à replacer ces symboles dans un contexte social et rituel concret. Les avancées récentes rendent possible une relecture plus nuancée de l’identité pictique et de son rôle dans la formation de l’Écosse médiévale.
Pour approfondir le sujet, écoutez la conversation d’Alisha Prakash, rédactrice associée chez Travel + Leisure et animatrice de la série, avec Gordon Noble et Tim Clarkson dans Lost Cultures: Living Legacies, disponible sur Apple Podcasts, Spotify, Amazon Music et partout où les podcasts sont diffusés. Download the Transcript. Cette discussion offre des perspectives archéologiques et historiques riches, et indique des pistes pour qui souhaite visiter des sites liés aux Pictes.
Note de la rédaction : veuillez garder à l’esprit que cette transcription n’a pas suivi notre processus éditorial habituel et peut contenir des inexactitudes ou des erreurs grammaticales. Elle est fournie à titre informatif et n’a pas été entièrement relue ; merci d’en tenir compte lors de sa consultation.

